Selon une première étude publiée par The Shift Project nous savons que  le secteur de la santé représente 8 % des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) produits par la France.  21% proviennent de l’achat des dispositifs médicaux. Or, l’achat de fauteuils roulants, lève-personne, chaises de douche ou verticalisateurs reconditionnés permet aux  établissements hospitaliers et médicaux sociaux en réduisant la production de matériel neuf, de préserver les ressources naturelles et de limiter les émissions de CO2 liées à l’extraction de la matière, la fabrication et au transport. 

Pour illustrer voici trois exemples issus d’une étude ACV réalisée par ACCENTURE : l’utilisation de 10 fauteuil roulants reconditionnés permet d'éviter 2,74 tonnes de carbone et l'utilisation de 400 m3 d'eau, pour 10 sièges coquilles reconditionnés l'économie en carbone est de 1,75 tonnes auquel il faut ajouter 1112 m3 d'eau et l'utilisation de 10 déambulateurs reconditionnés évite la production d'1,06 tonnes de carbones et près de 10 m3 d'eau.

Mais  la décarbonation du secteur de la santé présente également des enjeux économiques nationaux importants. En favorisant l'achat d'aides techniques de seconde main, on encourage le développement d'une filière de réemploi dans le domaine de la santé. Cela  favorise l'émergence d’entreprises spécialisées dans le reconditionnement et la distribution  d'équipements médicaux issus de l’économie circulaire. De plus, l'achat d'aides techniques de seconde main permet de réaliser des économies significatives pour les établissements de santé, qui peuvent réinvestir ces ressources dans d'autres domaines prioritaires.

Développer une filière nationale engagée dans le reconditionnement de matériel médical représente, donc, des enjeux écologiques et économiques nationaux majeurs, rappelons qu’en Allemagne ou au Québec 40% des fauteuils roulants distribués sont issus de la seconde main. ENVIE Autonomie démontre depuis  plusieurs années que c’est possible en toute conformité et sécurité pour les bénéficiaires.  En 2023, nous avons collecté 35 000 aides techniques plus utilisées, près de 8 000 ont été reconditionnées et distribuées. Au regard des centaines de milliers d’aides techniques jetées chaque année en France nous devons faire beaucoup plus. 

Il est temps que chaque acteur de la santé qu’il soit prescripteur, gestionnaire d’établissement ou d’association, intervenant sur le champ du maintien à domicile s’engage dans cette transformation. L’économie circulaire, sociale et solidaire est le modèle d’avenir. 

Il est temps  également de  l’engagement politique, les décrets d’application de la loi de finance de la Sécurité Sociale 2020 qui prévoit la prise en charge des aides techniques remises en bon état d’usage sont attendus depuis 4 années. Au-delà de la complexité de changer le modèle de distribution des aides techniques en intégrant le matériel de seconde main cela illustre les résistances et les forces en présence pour que  rien ne change. 

Nous osons croire que 2024 sera l’année de la mise en ouevre de cette mesure qui favorisera un mode de  distribution plus économique tout en  permettant de contribuer à la sauvegarde de la planète.

En 2024, la CNSA avec The Shift Project se mobilisent pour calculer l’empreinte carbone de chaque établissement médico-social et de chaque  service à domicile s’occupant de personnes âgées ou en situation de handicap. À partir de cette empreinte seront élaborés des scénarios de décarbonation tenant compte de l’impact économique pour les acteurs de l’autonomie. La CNSA pourra ainsi étudier comment les accompagner et financer au mieux des projets alliant décarbonation et continuité de l’appui aux personnes en situation de perte d’autonomie.

L’urgence est certaine et nous sommes prêts !